L'amie prodigieuse | Titre surcoté ou phénomène mérité ?


À l'image de « Charlotte », roman de David Foenkinos, « L'amie prodigieuse » est resté longtemps dans ma pile à lire, car ce titre catégorisé “adulte” m'intriguait autant que j'appréhendais sa lecture. Et puis finalement, une fois ouvert, je n'ai pas lâché le roman car je l’ai beaucoup aimé (une fois de plus, tout comme « Charlotte ») ! Laissez-moi donc vous expliquer pourquoi, selon moi, « L'amie prodigieuse » mérite toutes les critiques élogieuses qu'il a reçues. Et surtout pourquoi il ne faut pas avoir peur de dépasser vos appréhensions quant à ce roman !

Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l’école pour travailler dans l’échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.
 
« L'amie prodigieuse » s'est révélé être totalement différent de ce à quoi je m'attendais. En effet, à force de le voir partout pendant un moment - et surtout dans les critiques des journalistes - je m’attendais à un vocabulaire soutenu et une histoire presque philosophique. Mais pas du tout ! Première surprise : le roman s'ouvre avec les paroles de la narratrice qui est âgée d’une soixantaine d'années ; en quelques pages à peine elle laisse planer une aura de mystère, puis se replonge dans ses souvenirs, pour expliquer comment et pourquoi les choses se sont déroulées jusqu’à la situation actuelle. Ce début est très fort, car on sent tout de suite que l’histoire qui se cache derrière Lenu et Lila est complexe et mouvementée ; de plus le climat intriguant donne le ton et l’envie de dévorer immédiatement le roman.

C'était une vieille crainte, une crainte qui ne m'était jamais passée : la peur qu'en ratant des fragments de sa vie, la mienne ne perde en intensité et en importance.

L’autre surprise de ce roman, c’est l’immersion totale que nous offre l’auteure. Nous voilà en plein cœur de Naples dans les années 60, où règne un climat de violence et de pauvreté au quotidien. Dans le quartier où vivent les deux jeunes filles, les études sont écourtées au profit du travail manuel pour soutenir les parents. On ne voyage pas, ou très peu, et sortir des rues du quartier est presque un exploit. Tout est si bien décrit qu’on s’y voit vraiment ! Pour ma part, j’ai été émerveillée par l’histoire, et ce même si le rythme n’est pas très soutenu, car l’ambiance du quartier est si bien retranscrite que j’ai été complètement immergée dans les dédales de la ville et des intrigues. En un mot, le roman m’a tout simplement passionnée !
 
Au-delà de l'enthousiasme avec lequel j'ai découvert cette nouvelle facette de l'Italie, j'ai également énormément apprécié suivre le récit de Lenuccia. C'est une jeune fille attachante à laquelle je me suis rapidement identifiée : elle n'est pas toujours à l'aise dans sa peau, se compare beaucoup à sa meilleure amie à qui tout semble réussir, l'adolescence ne lui fait pas de cadeau, et elle se sent parfois en décalage avec les autres enfants de son âge. En effet, Lenu fait des études - elle va jusqu'au lycée - fait rare pour le quartier et l'époque. C’est donc compliqué d’échanger avec les autres quand leur monde tourne autour du travail et du mariage… La grande force du récit repose également sur la période qu'il couvre ; le premier tome est consacré à l'enfance des deux amies jusqu'au début de leur adolescence. Elena Ferrante sait maintenir la curiosité de son lecteur tout en racontant, année après année, les événements et faits marquants des deux protagonistes.

Elle s'arrêta pour m'attendre et, quand je la rejoignis, me donna la main. Ce geste changea tout entre nous, et pour toujours.

Bref, cette immersion dans l'Italie des années 60 était une totale réussite. J'ai adoré être entièrement plongée dans les intrigues de ce petit quartier, et découvrir la vie à cette époque par le biais de Lenu et Lila, deux héroïnes que j'ai déjà hâte de retrouver. Le roman ne plaira pas aux amateurs de science-fiction ou de roman d'action, mais au contraire si vous aimez prendre le temps et voyager, cette lecture est faite pour vous ! 

EN QUELQUES MOTS :
+ l'ambiance, les descriptions, la plume de l'auteure
- Lila et son caractère parfois insaisissable

Ma note : 4/5


L'amie prodigieuse | Elena Ferrante | lu en juin 2022 aux éditions Folio

7 commentaires:

  1. J'étais assez mitigée sur "poupée volée" le seul livre que j'ai lu d'elle mais il faut que je découvre son grand succès.

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    1. Je t'avoue que je ne connais pas du tout les autres titres de l'auteure, donc je ne pourrai pas vraiment d'aiguiller ! Mais si tu laisses une chance à ce roman, j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi :D

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  2. Certains livres nous réservent de belles surprises ! :)
    Ce premier tome m'avait vraiment bien plu, mais je ne ressens pas le besoin urgent de lire la suite. On verra bien plus tard.

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    1. Exactement ! Il faut juste s'y lancer :)
      J'ai hâte de lire la suite moi, peut-être que j'arriverai à te convaincre !

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  3. Comme tout le monde, j'ai beaucoup entendu parler de ce livre, mais contrairement à toi, je ne m'attends pas à un récit philosophique avec un style soutenu. Toutefois, j'aimerais bien me faire mon avis sur ce livre surtout que ma sœur l'a dans sa biblio.

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    1. C'est très pratique de pouvoir emprunter ce livre ! J'espère qu'il te plaira !

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.