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“Tant que fleuriront les citronniers” a fait tant de bruit sur les réseaux sociaux lors de sa parution en 2022 qu’il me fallait le découvrir ! Très rapidement, j’ai rapproché ce livre avec celui de Cécile Alix, le beau et poétique “A(ni)mal”, que j’ai lu et adoré cet été. Les deux récit mettent en avant le parcours des migrants - cela dit la ressemblance s’arrête là. Contrairement à ce que j’imaginais, ce sont deux romans bien différents !
Salama Kassab, 18 ans, avait la vie devant elle, quand la Révolution a commencé en Syrie et quand les combats lui ont tout pris : sa famille, son avenir de pharmacienne. Il ne lui reste plus que Layla, sa belle-sœur enceinte, et sa conviction de pouvoir aider son pays grâce à son travail bénévole à l'hôpital. Mais elle est tiraillée entre l'envie de se rendre utile, et celle de mettre Layla à l'abri. Au moment où elle se résigne finalement à fuir la Syrie, une rencontre avec un jeune militant plein d'espoir va tout remettre en cause.
Si la plume de Cécile Alix m’avait convaincue pour ses métaphores, sa douceur, sa musicalité presque, celle de Zoulfa Katouh est plus terre à terre. Je ne vous cache pas avoir été destabilisée par ce constat au début de ma lecture, car je m’attendais à une plume remarquable, au vu de tous les éloges nourrissant ce livre. Finalement, après réflexion, je peux affirmer que cette plume fade au premier abord est en réalité la grande force du roman : sans fard, l’autrice témoigne de ce que veut dire vivre en Syrie.
Ce que je veux dire par là, c’est que “Tant que fleuriront les citronniers” n’est pas le récit dramatique d’un voyage dans d’affreuses conditions, ni l’histoire remplie de pathos d’une jeune migrante ! Non, c’est la vie, la vraie, telle qu’elle est en Syrie. La vie d’une adolescente comme vous et moi, passionnée par ses études, rêvant de voyages, nourrissant son imaginaire des films du Studio Ghibli. Ce sont des rencontres, des sourires, des mémoires, des amours même.
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- Je ne sais pas qui t'a raconté que partir était lâche, mais c'est faux.
Il n'y a rien de honteux à fuir ceux qui essaient de nous tuer.
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Tout, dans les description des lieux, des sentiments et des réactions des personnages, est d’un réalisme criant. De ce fait, la Syrie devient plus précise dans notre esprit, loin des clichés auxquels nous sommes habitués et des images qui passent dans les médias. Zoulfa Katouh nous montre un pays comme le nôtre, avec des jeunes comme nous, des aspirations comme les nôtres. En se glissant dans la peau d’une jeune femme de 17 ans, l’autrice dépeint la réalité de la guerre civile telle qu’elle l’est : aussi cruelle qu’injuste. Nous assistons, impuissants, aux arrivées incessantes dans un hôpital de fortune déjà surchagé, qui souffre de peu de moyens et d’une menace constante. Notez en plus qu'il est tenu par un endoctrinologue à la retraite, une femme de ménage devenue infirmière et une étudiante en phramacie promulgée chirurgienne !
Au milieu des ruines et du sang, pourtant, on se reconnaît dans les personnages, on s’attache à eux, et on porte en nous autant d’espoir qu’ils peuvent avoir. Leur quotidien ne peut qu’émouvoir : où est passée leur jeunesse ? Ces années étudiantes, ces vacances partagées entre amis, ces naissances et fêtes de familles ? Voilà pourquoi “Tant que fleuriront les citronniers” m’a étonnée : je ne m’attendais pas à y trouver autant d’humanité, malgré l’horreur et l’indicible qui sont présents à chaque page. Zoulfa Katouh met en avant le courage qu’il faut pour vivre dans un pays en guerre, et le courage qu’il faut pour quitter son pays, tout en sachant tout ce qu’on y laisse.
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Aux yeux des militaires, il n'y a aucun innocent ici. Ils nous tueront tous, les manifestants comme les autres. Pour eux, la soif de liberté est une maladie contagieuse. Il faut nous abattre pour nous empêcher de la répandre.
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Bref, “Tant que fleuriront les citronniers” est un excellent roman adolescent, très marquant par son histoire. Zoulfa Katouh met un visage, un quotidien et des aspirations sur ces personnes qui affrontent mille dangers et horreurs dans l’espoir d’une vie meilleure. Elle met de la vie et des couleurs sur l’horreur de la guerre, plaçant l’humain, l’espoir et l’amour au coeur de son récit aussi choquant que puissant.
En quelques mots :
+ le réalisme puissant
- une plume fade
Ma note : 4/5
Tant que fleuriront les citronniers | Zoulfa Katouh
lu en mars 2024 aux éditions Nathan
C'est vrai qu'on l'a vu passer ce livre... Il avait attiré mon attention sans pour autant me donner envie de le mettre dans ma wish list, mais ta chronique me rend vraiment curieuse de m'y pencher finalement. Pour en savoir plus sur la vraie vie en Syrie, sans pathos, comme tu le soulignes.
RépondreSupprimerJe suis persuadée qu'il saura te toucher. Ce n'est pas un énième roman à succès sans substance :)
SupprimerJe suis vraiment impatiente de pouvoir le découvrir, parce que le résumé m'intrigue beaucoup et ton avis me pousse encore plus à le lire. Il a l'air vraiment touchant comme livre.
RépondreSupprimerIl l'est ! Je suis contente de te donner un peu plus envie de le découvrir !
SupprimerEh bien, tu trouves les mots pour me donner envie de le lire 💚
RépondreSupprimerJe suis autant ravie qu'honnorée de l'apprendre !
SupprimerJe ne sais pas si je tenterai ce livre mais je dois dire que malgré le thème très difficile, cette couverture est superbe !
RépondreSupprimerTotalement d'accord ! Elle représente bien l'histoire. J'adore les couleurs ❤️
SupprimerJ'ai beaucoup entendu parler de ce livre et je suis partagée. D'un côté, j'ai l'impression que c'est un livre nécessaire à lire tant ce qu'il s'y passe est important. D'un autre côté, j'ai l'impression qu'il est un peu dur à lire. Je ne sais pas trop quoi faire.
RépondreSupprimerJe dirais que tout dépend vraiment de ton degré de sensibilité. Il y a beaucoup de scènes difficiles à lire, que ce soit dans la situation décrite ou les détails donnés par l'autrice. Par contre la plume est très fluide, donc pas de problème de ce côté là !
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