Je lis donc je suis

Les années passent et je me rends compte que j'aime de plus en plus les romans mettant en scène des familles ou des fratries. Les exemples sont nombreux : entre « Diabolo fraise », « Dysfonctionnelle » ou « Les enfants des Feuillantines » du côté ado, mais aussi « Il est grand temps de rallumer les étoiles » ou « Et que ne durent que les moments doux » côté adulte, il y a de quoi faire ! Tous ces titres qui mettent en avant la famille m'ont beaucoup touchée. Je suis donc ravie d'ajouter « Frangines » à cette liste, en espérant vous donner envie de le lire !

Mathilde, Violette et Louise sont sœurs. Depuis l’enfance, elles vivent leurs plus belles heures à La Garrigue, une bâtisse que leurs parents ont achetée autrefois à Saint-Rémy-de-Provence. Tout les oppose et pourtant rien ne peut séparer Mathilde, éblouissante et dominatrice, Violette, qui a grandi dans l’ombre de son aînée, et Louise, la benjamine, née des années plus tard. Cet été, les frangines se réunissent dans la demeure familiale pour la première fois depuis le drame de l’année précédente. Entre petites exaspérations et révélations inattendues, ces retrouvailles vont bouleverser à jamais leur vie. Car les murs de La Garrigue, gardiens des secrets de trois générations, ne les protégeront peut-être plus.

La première moitié du roman n'est à mon sens pas la meilleure et peut éventuellement décourager les lecteurs. Si elle nous permet de découvrir les personnages et de s'attacher progressivement à eux, rien dans l'écriture de l'auteure n'est transcendant. A vrai dire, le récit est très factuel et ne semble pas creuser plus loin, ce qui est bien dommage au vu de tous les caractères imaginés par Adèle Bréau. J’ai vraiment apprécié suivre l’ensemble des personnages, qui mêlent plusieurs générations : à la Garrigue, on y croise Jeanne, la jeune grand-mère qui a plus de secrets qu’il n’y paraît ; ses filles, Mathilde, Violette et Louise, trois sœurs étonnantes, soudées malgré leurs désaccords, chacune marquée par les épreuves de la vie. Et puis il y a les petits-enfants, en particulier Clarisse qui fait quelques apparitions dans la narration - bien que je n’ai pas toujours saisi la pertinence de ces chapitres.

L'impression mitigée du début du roman s'est vite effacée lorsque l'auteure nous plonge réellement au cœur de l'été et nous fait revivre tous les événements qui ont marqué la Garrigue et ses occupantes. Beaucoup de secrets sont dévoilés au fil des pages, dont certains auxquels je ne m’attendais pas : adultère, maladie, orientation sexuelle, décès caché… Le tout savamment dosé, ce n’est jamais trop larmoyant ou exagéré. Au fil des pages, le tourbillon de ces femmes et de leurs émotions nous emporte, tant et si bien qu'on ne se rend pas compte que la dernière page est déjà tournée. Un brin prévisible, la conclusion est tout de même cohérente avec le récit, et c'est avec émotion que je l'ai découverte. Je n’oublie pas non plus les touches d’humour qui parsèment le roman, ni les jolies scènes entre sœurs, entre mère et fille(s) ou encore en famille.

Bref, après un léger moment de doute en commençant le roman, je suis finalement convaincue par ce joli récit qui donne des envies d’été. L'odeur de la lavande, la chaleur du soleil et le chant des insectes m'ont décidément accompagnée tout au long de ma lecture ! Une histoire familiale comme je les aime, entre tendresse et quatre vérités, que je vous recommande donc avec enthousiasme.

+ les personnages et leurs relations dans lesquels on peut facilement se retrouver

- un certain manque d’émotions dans la plume de l’auteure

Frangines | Adèle Bréau | lu en mars 2022 aux éditions JC Lattès