Je lis donc je suis

C'est en parcourant les rayons des étagères de la bibliothèque que mon regard a été attiré par la couverture colorée de « Reste avec moi ». Le résumé a achevé de me convaincre : l'histoire semblait révoltante et enrichissante - ne connaissant rien du Nigéria et de ses traditions. Ni une ni deux, j'ai emprunté le roman et je suis ravie de l'avoir lu. C’est un roman qui gagne à être plus connu, d’abord pour son sujet mais aussi parce qu’il permet de s’ouvrir à des auteurs venus d’autres pays que l’Angleterre / les USA / la France (mon trio infernal qui représente 90% de mes lectures !).

Yejide et Akin vivent une merveilleuse histoire d’amour. De leur coup de foudre à l’université d’Ifé, jusqu’à leur mariage, tout s’est enchaîné. Pourtant, quatre ans plus tard, Yejide n’est toujours pas enceinte. Ils pourraient se contenter de leur amour si Akin, en tant que fils aîné, n’était tenu d’offrir un héritier à ses parents. Yejide consulte tous les spécialistes, médecins et sorciers, avale tous les médicaments et potions étranges…
Jusqu’au jour où une jeune femme apparaît sur le pas de sa porte. La seconde épouse d’Akin. Celle qui lui offrira l’enfant tant désiré. Bouleversée, folle de jalousie, Yejide sait que la seule façon de sauver son mariage est d’avoir un enfant. Commence alors une longue et douloureuse quête de maternité qui exigera d’elle des sacrifices inimaginables.

Le récit s’ouvre en 2008 sur une scène qui laisse les lecteurs perplexes et surtout curieux. Dans ce court chapitre, Yejide s'adresse à son ancien mari qu'elle s'apprête à retrouver après des années de séparation. Immédiatement, notre attention est retenue : pourquoi toutes ces années à vivre loin de l'autre ? qu'a vécu ce couple pour en arriver là ? quel est le lien avec la seconde épouse mentionnée dans le résumé ? C’est en remontant le temps depuis la rencontre entre Yejide et Akin que les réponses s’offrent à nous. Entre traditions nigériennes, actualités politiques, croyances, superstitions et rites étranges, les pages se tournent très vite. De plus, je ne connaissais rien du climat politique du Nigéria ni des différents coups d'état l'ayant marqué, je ne savais pas que les hommes pouvaient avoir plusieurs femmes, et je ne pensais pas que le choix du prénom d’un nouveau-né faisait l'objet d’une cérémonie - les prénoms ayant une réelle signification. Le récit est donc enrichissant à tous points de vue, mais aussi agréable à suivre car Ayobami Adebayo fait le portrait d'une femme qui apparaît comme moderne dans sa société : elle gère son propre salon de coiffure et veut garder la tête haute en toutes circonstances.

Cependant, malgré l’ensemble positif, le roman souffre de quelques incohérences. En effet, bien que Yejide soit dépeinte comme une femme forte, certaines de ses réactions m’ont surprise, dans le sens où elles n’étaient pas cohérentes avec le portrait proposé par l'auteure. J'ai également regretté que le récit ne soit pas toujours très clair : on oscille entre passé et présent, parfois même on change de point de vue sans que les choses soient toujours limpides. J'ai parfois eu besoin de relire les paragraphes pour être sûre d'avoir tout bien saisi... Mais surtout, je n'ai pas retrouvé dans les scènes entre Yejide et son mari l'amour sincère qu'ils disent pourtant partager. A vrai dire, il me semble que le problème est plus global : Ayobami Adebayo n'a pas su transmettre toutes les émotions vécues par ses personnages entre les lignes. 

Bref, si « Reste avec moi » n’est pas un coup de cœur, c'est tout de même un roman que j'ai beaucoup aimé découvrir. Nous seulement il a été enrichissant à bien des égards, mais en plus j'ai été surprise par le déroulement de l'histoire et les révélations tout au long du récit. C'est donc une lecture que je recommande et qui m'a donné envie d'approfondir ma découverte des éditions Charleston ! 

+ découvrir le Nigéria, ses traditions et coutumes

- le récit est parfois brouillon