Mon avis sur les bandes-dessinées de Timothé Le Boucher


Cela faisait longtemps que j'entendais parler de Timothé Le Boucher et de ses bandes-dessinées qui semblaient plaire à tout le monde. Alors dès 2022, je me suis lancée ! En quelques mois, j'ai lu la majorité des œuvres de l'auteur, et je peux déjà vous dire que ces découvertes m'ont beaucoup plu. Spoiler alert : il semblerait même que j'aie eu un coup de cœur pour plus d'un titre ! 💖 Je vous laisse découvrir mes chroniques, en espérant vous donner envie de vous plonger à votre tour dans ces histoires... pour le moins atypiques. 😉



Le patient (Glénat, 2019)
★★★

“Le patient” est la toute première bande dessinée de Timothé Le Boucher que je découvre, car c’est également de celle dont j’ai le plus entendu parler (merci l’influence des réseaux sociaux !). Je ne regrette pas un seul instant d’avoir cédé à la montagne d’avis positifs sur ce titre. “Le patient” est une œuvre à part, très perturbante, mais que j’ai beaucoup aimé.

La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée... 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l’unique survivant du « massacre de la rue des Corneilles », se réveille d’un profond coma. L’adolescent de 15 ans qu’il était au moment des faits est aujourd’hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d’amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie...

Je lis peu de bandes dessinées, en grande partie parce que j’accroche rarement avec les dessins : j’apprécie peu les planches très fournies et les contrastes trop importants. Je pense par exemple aux comics “The walkind dead” : l’histoire me plaisait, mais les dessins m’ont découragée et je n’ai pas dépassé le quatrième tome. Tout ça pour dire qu’à mon grand ravissement, le trait de Timothé Le Boucher m’a plu ; à la fois rond et simple, c’est agréable de parcourir les pages et leur douces couleurs.

Quant à l’intrigue, elle nous fait réellement vivre des montagnes russes. Le début, tel à ce que je m’attendais, était aussi angoissant qu’inquiétant, et j’ai suivi ce début d’enquête avec intérêt. Très subtilement, Timothé Le Boucher apporte des changements à l’histoire, jusqu’au point de rupture survenant au milieu du récit : celui-ci à fait totalement éclater mes certitudes ! Jusqu’à la dernière page, la dernière ligne, je n’ai cessé de remettre en cause ce que je lisais et les déductions que j’en tirais. L’auteur a ce talent impressionnant de nous manipuler, en nous montrant ce qu’il veut, puis en évoquant une possibilité qui retourne totalement les choses.

Expérience totalement réussie avec cette première bande dessinée ! Il me tarde de découvrir les autres titres de l’auteur, car je comprends désormais pourquoi autant de personnes ont été convaincues.




CES JOURS QUI DISPARAISSENT (Glénat, 2017)
★★★

Seconde bande dessinée signée Timothé Le Boucher que je découvre, “Ces jours qui disparaissent” est devenu mon titre préféré. “Le patient” m’avait déjà beaucoup marquée pour son histoire perturbante et “mind-blowing”, mais je crois que celle-ci est plus impressionnante !

Une course poursuite contre le temps perdu... Que feriez-vous si d'un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu'un jour sur deux ? C'est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui, sans qu'il n'en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu'un jour entier vient de s'écouler. Il découvre alors que pendant ces absences, une autre personnalité prend possession de son corps.

La grande force de “Ces jours qui disparaissent”, c’est son pouvoir d’identification. En effet, très rapidement, on se sent proche du personnage principal - entouré de ses amis, dépendant de petits boulots lui permettant d'exercer sa passion, il se rend compte que pendant certaines journées… le monde tourne, mais lui n’en fait plus partie. Plus exactement, son corps alterne entre lui-même, et une toute autre personne qui est de plus en plus présente. Impossible de ne pas compatir à ce qui lui arrive ! Toutefois, je ne vous donnerai pas plus de détails : je vous laisse découvrir les explications de l’auteur.

Sans surprise, les dernières pages m’ont clouée sur place et m’ont fait voir l’histoire entière d’une nouvelle perspective. Tout est une fois de plus remis en question, et absolument rien n’aurait pu me préparer à ce que Timothé Le Boucher nous propose ! 

C’est donc sur un mélange d’étonnement, de tristesse et de perplexité que j’ai refermé ce livre. Je prendrai grand plaisir à le relire pour relever tous les indices qui, j’en suis sûre, sont disséminés au fil des pages !




Dans les vestiaires (La boîte à Bulles, 2014)

Comme les précédentes fois, j’ai trouvé “Dans les vestiaires” à la bibliothèque : bonne idée, car j’ai moins aimé ce titre que les autres. A vrai dire, il s’agit d’une des premières publications de l’auteur, j’aime me dire qu’il s’est amélioré depuis. Cela dit, “Dans les vestiaires” n’est pas mauvais ; au contraire c’est la lecture idéale pour découvrir les œuvres de Timothé Le Boucher. Avec ce titre, on a un petit aperçu de ce qu’il nous proposera par la suite : des personnages parfois très violents, un rapport au corps particulier, et une histoire dérangeante.

Le nouveau vestiaire des collégiens ouvre ses portes. Vitres floutées et toilettes roses, les garçons découvrent les locaux rénovés avec un mélange de gêne et de moquerie. D’autant plus que les douches sont désormais collectives !
Ainsi deviennent-elles un centre d’intérêt particulier, dans cet espace clos où le principe fondamental de l’autorité adulte disparaît et où peuvent s’exprimer les instincts primaires à l’état le plus brut : agressivité, sexualité ado, moqueries, harcèlement de la tête de turc…

Si l’intrigue ne m’a pas totalement emballée, je ne peux en revanche pas nier qu’elle est au plus près de la réalité. Les scènes ont pour unique décor les vestiaires de la salle de sport : nous n’avons aucune idée de ce qui se passe à l’extérieur, à part les quelques bribes d’informations qui s’échappent lors des échanges.

Plus précisément, nous ne suivons que les garçons : entre violence physique et violence morale, on constate rapidement que le climat qui règne dans ces vestiaires n’a rien d’accueillant ou sécurisant. Clans et alliances se font et se défont tous les jours, les petits chefs sont à la tête d’un groupe qui martyrise le marginalisé, pendant que les autres préfèrent ne rien dire et se fondre dans la masse. Oui, Timothé Le Boucher a vraiment bien retranscrit l’ambiance collégienne…

Bref, pas mon titre préféré, mais on reconnaît totalement la patte de l’auteur.




47 cordes (Glénat, 2021)

C’est au début de l’année que j’ai pris la décision de lire toutes les bandes dessinées de Timothée Le Boucher : quelle fabuleuse idée ! “47 cordes” est le quatrième titre que je découvre et je suis toujours autant happée par les propositions toujours plus intéressantes et réfléchies.

Un jour, une métamorphe tombe amoureuse d’un jeune homme nommé Ambroise. Elle peut changer de forme à volonté, mais des questions finissent par la hanter : quel visage doit-elle incarner pour se faire aimer ? Qui doit-elle être pour conquérir sa proie ?
Inconscient de l’obsession dont il est l’objet, ignorant la vraie nature de la créature, Ambroise cherche à acquérir une légitimité au sein de l’orchestre qu’il vient d’intégrer en tant que harpiste. C’est alors qu’il rencontre Francesca Forabosco – cantatrice aussi excentrique que renommée – qui va le prendre sous son aile. Elle lui propose un marché. S’il veut obtenir la harpe de ses rêves, Ambroise devra relever 47 défis. Un seul échec, et l’instrument lui échappe...

“47 cordes” est un titre qui change totalement des précédents. D’abord parce qu’il s’agit d’un premier tome, ou du moins une première partie (je n’ai aucune idée du nombre de tomes qu’on pourra découvrir !). Ensuite parce qu'il s'agit d'un ouvrage très conséquent : il fait le double des précédents. C’est en toute logique que l’histoire est elle aussi plus étoffée. Une chose qui ne change pas : l’imagination sans limites dont fait preuve l’auteur !

Ici, c’est le sujet de la métamorphose qui est exploré : on sent que Timothé Le Boucher a pris un grand plaisir à imaginer et dessiner la multitude des personnages qu’on croise au fil des pages. La tension augmente elle aussi petit à petit, lorsque l’intrigue devient plus complexe et que les mensonges prennent plus d’importance. Tous les personnages et leurs fausses histoires vont vous donner des nœuds au cerveau ! Comme dans les ouvrages précédents, on retrouve dans “47 cordes” cette ambiance parfois malsaine, des situations surréalistes, des corps nus et des scènes de sexe. Certaines pages sont à la limite entre le tordu et le fascinant, j'adore voir tout ce que peut nous faire ressentir l'auteur !

Bref, une excellente première partie, qui m'a évidemment laissée sans voix et m'a donné envie d'avoir immédiatement la suite à ma disposition. Entre l'histoire et les dessins, je ne sais ce qui m'a le plus ébahie ! Dernier bon point sur lequel je terminerai : la diversité des personnages imaginés par Timothé Le Boucher (PP noir, PS trans / gay / gros / atteint d'achondroplasie). Vivement la seconde partie !



Votre avis sur cet auteur ?
Quel est le titre qui vous tente le plus ?

6 commentaires:

  1. Je t'avoue que moi je ne connaissais pas cet auteur de BD mais je vais regarder si il est présent en bibliothèque municipale.

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    1. Je suis bien contente de te le faire découvrir ! Je ne suis pas une grande consommatrice de bande dessinée mais celles-ci m'ont beaucoup plu, j'espère qu'il en sera de même pour toi si tu les lis.

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  2. Super article ! J'ai vu passé "47 cordes", j'avoue qu'il m'intrigue beaucoup. Sinon, je dirais "ces jours qui disparaissent".

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    1. Mes deux préférés <3 Quitte à choisir, je te conseillerai plutôt "Ces jours qui disparaissent" comme c'est un tome unique, au moins il n'y a pas d'attente à la fin :D

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  3. Ce sont de belles découvertes, je ne connaissais pas du tout, mais j'ai très envie de lire certains titres dont Ces jours qui disparaissent et 47 cordes. En tout cas, ton article donne super envie de découvrir le travail de Timothé Le Boucher.

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    1. Je me répète, mais les deux titres que tu cites sont ceux que j'ai préféré ! <3
      Très contente de te donner envie de les lire, merci pour ta confiance !

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.