Celles qui restent | Un récit touchant et juste sur le deuil


Un sujet touchant et abordé de façon juste mais des maladresses et détails qui viennent contrebalancer le tout. Voilà ce que je pense de "Celles qui restent" : ce roman qui m'a longtemps intriguée a enfin rejoint le rang des livres lus ! Il m'intéressait depuis tellement longtemps que je ne sais plus comment je l'ai découvert. Néanmoins, je sais ce qui m'a intéressée : la promesse d'une histoire familiale, de femmes, de sœurs. Et si mon avis n'est finalement pas aussi enthousiaste que je l'avais espéré, je suis tout de même satisfaite de l'avoir découvert !

Clara est l'aînée, la sage, l'exemple à suivre. Celle qui fait tout comme il se doit, quitte à grincer des dents en se forçant à sourire. Constance est la cadette. Si discrète, qu'on en oublie qu'elle existe... jusqu'à ce qu'elle décide de cesser d'exister en se jetant du haut d'un pont. Lucy est la benjamine. Celle qui rit trop fort, parle trop fort, vit trop fort. Parce qu'elle a peur qu'on l'oublie.
Mais il y a aussi Marielle, qui elle, n'a ni sœur, ni frère, ni enfant, tout juste un vieux chien obèse. Celle qui a consacré sa vie aux autres pensait arriver au bout de son chemin dans l'indifférence, jusqu'à ce qu'un ange vêtu d'un manteau rouge se jette d'un pont, juste devant elle, et remette tout en question.

Ce roman appartient donc à trois sœurs : Clara, Constance et Lucy. Leurs portraits n'ont rien de bien original : l'aînée est décrite comme ayant une posture droite, est toujours sérieuse, les vêtements bien repassés, l'emploi stable et la vie toute tracée. La cadette est tout son contraire, elle n'en fait qu'à sa tête ; véritable feu follet, elle enchaîne les sorties et soirée, on vient la chercher quand elle ne peut rentrer seule tard le soir, on règle ses problèmes quand elle appelle. Celle qui reste, celle du milieu donc, fait tampon. Ni trop sage ni trop délurée, c'est un personnage presque fantôme dont la personnalité est peu définie... Ce qu'on sait d'elle, c'est son suicide. Un drame affreusement dur, violent, qui devient une réalité terrifiante pour ses sœurs qui s'y retrouvent par une froide matinée. Un cauchemar particulièrement bien raconté par Samuelle Barbier : pas de place pour le pathos, les scènes cherchant à tirer les larmes. Le ton est juste et les émotions n'en sont que plus fortes.

On pense toujours qu'on va avoir le temps. Le temps de vivre, de se tromper, d'aimer, et que l'on mourra paisiblement, vieille et ridée dans notre lit, en ayant accompli tout ce qu'on désirait. Jusqu'à ce qu'une fille de vingt- huit ans qu'on aime plus que tout se jette du haut d'un pont et fasse voler toutes nos certitudes en éclats.

A côté de ces bons aspects, il y en a un autre que je n'ai pas tout à fait saisi : le rôle et l'intérêt du personnage de Marielle. Une vieille dame de 73 ans qui en voit une jeune de 30 ans se suicider, pourquoi pas, mais quel est l'intérêt de vouloir l'intégrer au récit alors qu'il n'y a finalement que trois chapitres la concernant ? Même une fois le roman terminé, je reste perplexe. On apprend que très peu de choses de ce personnage, qui en plus n'a pas de réel lien avec l'intrigue principale. La construction du roman m'a elle aussi semblée peu pertinente. Ce dernier est séparé en plusieurs parties qui correspondent aux "cinq étapes du deuil" : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation. En fait, j'ai surtout eu l'impression que l'auteure adaptait son histoire et ses personnages à ces étapes ; cela en devenait caricatural et moins cohérent, surtout relativement aux caractère des personnages. Une dernière note négative pour terminer : la sensation que le roman est centré sur Clara et non pas sur les trois sœurs comme promis.

Bref, c'est un avis mi-figue mi-raisin. Disons que mes espérances et la réalité étaient un poil différents ! Je préfère tout de même retenir de ce titre la justesse et l'émotion se dégageant du texte, ainsi que les liens attachant les trois sœurs. Les quelques détails venus ternir ma lecture ne m'empêchent pas de recommander ce roman !

En quelques mots :
+ la justesse et l'émotion du texte
- certains éléments peu pertinents ou peu cohérents

Ma note : 3,5/5


Celles qui restent | Samuelle Barbier | lu en septembre 2022

4 commentaires:

  1. Dommage pour ta légère déception. SI je tombe dessus, je pense que je le lirais tout de même.

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  2. Il a l'air très touchant, malgré les bémols, alors pourquoi pas.

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Je lis et je réponds aux commentaires !

Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.