L'île aux arbres disparus | Un magnifique récit empreint de douceur et de poésie


Certains romans sont bien mystérieux, à l’image de “L’île aux arbres disparus”. A ce jour, je me demande encore ce qui a déclenché mon envie de le lire lorsque je l'ai croisé dans les rayonnages de la bibliothèque. La jolie couverture ? La quatrième de couverture très mystérieuse ? Je ne connaissais pas l'auteure, et n'avais pas eu vent de l'apparition de ce titre. Toujours est-il que je remercie l'intuition qui m'a poussé à le saisir car c'est un excellent roman ! Je suis heureuse de pouvoir le faire découvrir et je serai doublement ravie si vous le lisez à votre tour.

Ce roman commence par un cri et s'achève par un rêve. Le cri, interminable, est celui que lance aujourd'hui une adolescente de seize ans, prénommée Ada, en plein cours d'histoire dans un lycée londonien. Le rêve est celui d'une renaissance. Entre les deux a lieu la rencontre du Grec Kostas Kazantzakis et d'une jeune fille turque, Defne, en 1974, dans une Chypre déchirée par la guerre civile. Elif Shafak crée des personnages débordant d'humanité mais aussi de failles et de doutes, d'élans de générosité et de contradictions, pour conter l'histoire d'un amour interdit dans un climat de haine et de violence qui balaie tout sur son passage.

Par où commencer ? “L’île aux arbres disparus” est un récit passionnant sur lequel il y a tant à dire ! Commençons avec la construction du roman. Le fil de l'intrigue a beau ne pas être linéaire, cela ne complexifie en rien la lecture. Au contraire, elle est d'autant plus captivante ! En effet, le récit s'ouvre de nos jours avec une jeune londonienne de 16 ans. Les chapitres nous mènent ensuite sur l'île de Chypre une vingtaine d'années plus tôt, quand ils n'alternent pas avec le point de vue d'un figuier. Oui, un figuier ! Si l'idée paraît d’abord saugrenue, on comprend page après page les choix de l'auteure. La nature occupe une place importante dans ce livre (et pour Elif Shafak, je suppose), notamment grâce à ce « protagoniste ». Les passages le concernant était réellement intéressants, apportant à la fois des éléments clés à l'intrigue, mais aussi des informations sur les arbres, leur écosystème, leur communication... Toute une vie qu'on ne soupçonne pas nous est ici dévoilée. Contre toute attente, j'ai adoré cet aspect ! Cela ajoute une toute autre dimension à la lecture.

J'aurais aimé pouvoir lui dire que la solitude est une invention humaine. Les arbres ne sont jamais esseulés. Les humains croient savoir avec certitude où s'arrête leur être et où commence celui de l'autre. Avec leurs racines entremêlées et piégées sous terre, combinées aux champignons et aux bactéries, les arbres ne se nourrissent pas de telles illusions. Pour nous, tout est relié.

Avec “L’île aux arbres disparus”, nous voguons entre passé et présent, entre Londres et Chypre, levant peu à peu le voile sur les secrets du figuier, le conflit opposant turcs et grecs, et surtout la rencontre et l'histoire de Kostas et Defne. Ainsi donc, le roman se dévore, d'abord grâce à l'histoire et à sa construction, mais aussi pour ses personnages attachants, sa poésie et l'ambiance se dégageant des mots de l'auteure. C'est pourtant assez contradictoire de parler de poésie quand on découvre l'escalade des violences s'étant déroulées à Chypre : Elif Shafak décrit les années de peur, d'attentats constants, de couvre-feu militaire et d’hommes armés patrouillant, de familles déchirées... Cependant les faits sont là : au milieu du conflit opposant turcs et grecs, Elif Shafak nous fait vivre une histoire d'amour, nous démontre la beauté de la nature, nous dépeint une île vivante et remplie d'histoire. 

Les arbres sont des gardiens de la mémoire. Entremêlés à nos racines, cachés dans nos troncs, courent les tendons de l'histoire, les décombres de guerre où personne n'a rien gagné, les ossements des disparus. L'eau aspirée par nos rameaux, c'est le sang de la terre, les larmes des victimes, l'encre de vérités encore niées.

Bref, une découverte hasardeuse qui s'est révélée être un beau coup de cœur ! Elif Shafak a insufflé dans son roman tout ce que j'aime retrouver dans mes lectures : une plume poétique et agréable à suivre, des personnages touchants qui grandissent au fil des pages, une intrigue captivante qui en plus de se dévorer, est instructive. La cerise sur le gâteau est cette jolie couverture ! Voici donc un roman que je recommande donc très chaudement - mais ça, vous l'aurez déjà compris. 


En quelques mots :
+ la beauté du récit, les paysages, l'ode à la nature, l'Histoire et l'histoire
- pas grand-chose si ce n'est que j'aurais aimé plus de réactions de la part d'Ada

Ma note : 5/5 ♥


L'île aux arbres disparus | Elif Shafak | lu en août 2022 aux éditions Flammarion

6 commentaires:

  1. J'adore cette auteure, il faut absolument que je lise ce livre ! Merci pour ce retour très riche. Je te conseille Soufi, mon amour de l'auteure, par la même occasion. C'est un bijou.

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    1. Je l'ai découverte avec ce livre et j'ai trèèèès envie de lire ses autres romans ! Merci pour la recommandation, je pense essayer de me le procurer rapidement :D

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  2. Il semble très original ce livre !
    Je crois que je n'ai jamais lu de livres avec le point de vue d'un arbre 😅
    Mais ce que tu dis à ce propos est intéressant.
    C'est toujours formidable quand un livre qu'on découvre par hasard se révèle être un coup de cœur.

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    1. Ah ah, ça ne m'étonne pas, c'était la première fois pour moi aussi :D
      Maintenant j'ai hâte de lire les autres livres de l'auteure <3

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  3. Il n'y a rien de mieux que ce genre de belles découvertes surprises ♥
    Avoir l'avis d'un figuier, j'avoue que c'est loin d'être banal et forcément ça intrigue ! Il est bien possible que je me laisse tenter si le livre croise mon chemin un jour.

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    1. J'espère vraiment que tu croiseras ce livre alors ! Il vaut le détour <3

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.