Je lis donc je suis

Serena Giuliano m'avait totalement convaincue avec son premier roman. « Ciao bella » était à la fois drôle et touchant, abordait des sujets intéressants et se lisait diablement vite. Bien sûr, j'ai tout de suite eu envie de retrouver cette douceur et ce décor ensoleillé : c'est ainsi que je me suis tourné vers « Luna ». Laissez-moi vous expliquer pourquoi mes attentes sont loin d'avoir été comblées…

Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ? Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant... Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Mais si ce retour aux sources sonnait finalement l'heure de l'apaisement ?

Commençons avec l'aspect positif, car bien sûr il y en a un ! Ce bon point est d'ailleurs la marque de fabrique de l'auteure : elle réussit toujours à nous immerger dans une ambiance italienne ensoleillée et vivante. Comme dans son roman précédent, on sent tout l'amour que porte Serena Giuliano à ce pays à travers ses descriptions. Nourriture, anecdotes sur la ville de Naples et ses habitants, description de paysages plus beaux les uns que les autres, habitudes et coutumes... Tout y passe. Il ne reste plus qu'à visiter la ville “pour de vrai”, car on s'y croirait vraiment - et surtout, ça donne très envie d’y être ! Cela dit, le décor d'un roman ne fait pas tout... malheureusement d’ailleurs, car si l'ambiance de « Luna » est agréable, le récit souffre quant à lui de plusieurs maux. 

Le problème principal vient, selon moi, de la taille du roman. Comment un petit récit de 250 pages peut-il aborder autant de sujets ? C'est simple : tout est fait en surface, rapidement, et sans la possibilité d'approfondir ou de donner plus de consistance aux choses, le récit en devient décevant. Serena Giuliano tente en effet de d'aborder un éventail de thèmes, entre les relations familiales compliquées et l'homosexualité, tout en passant par l’importance de la mafia napolitaine et ses conséquences. Des sujets plutôt sérieux, qui sont entrecoupés par des conversations entre amies un peu lourdes… ce qui devait être une petite touche d’humour et de légèreté n’apporte finalement rien au roman. L’auteure survole donc ce qui avait attiré mon intérêt, et se perd dans la multitude de sujets évoqués. D'ailleurs, on ne sait même plus sur quoi porte réellement le roman.

Bref, malgré un cadre enchanteur et une bonne volonté, « Luna » reste pour moi synonyme de déception. C'est à la fois trop et pas assez : l'auteure en rajoute des couches et des couches sans jamais rentrer dans les détails. Je regrette donc la superficialité du récit et son manque d'émotion. On repassera ! Je garde toutefois en tête ma très bonne expérience avec « Ciao bella ».

+ on voyage à Naples sans bouger un doigt de pied !

- trop de sujets abordés, et qui ne sont pas assez creusés

Luna | Serena Giuliano | lu en mai 2022, éditions Le livre de poche