La vie en chantier | Ma première rencontre avec Pete Fromm


Plusieurs romans de Pete Fromm me faisaient de l’œil, et c’est finalement sur « La vie en chantier » que j’ai jeté mon dévolu lors de ma rencontre avec l’auteur, au salon Etonnants Voyageurs en juin dernier. Paré de sa dédicace, le livre a gentiment patienté dans ma bibliothèque jusqu’à ce que je daigne enfin l’ouvrir. Résultat, il s’est révélé être une lecture intéressante, toutefois assez difficile à qualifier.

Marnie et Taz ont tout pour être heureux. Jeunes et énergiques, ils s’aiment, rient et travaillent ensemble. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, leur vie s’en trouve bouleversée, mais le couple est prêt à relever le défi. Avec leurs modestes moyens, ils commencent à retaper leur petite maison de Missoula, dans le Montana, et l’avenir prend des contours plus précis. Mais lorsque Marnie meurt en couches, Taz se retrouve seul face à un deuil impensable, avec sa fille nouvellement née sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde inconnu et étrange de la paternité, un monde de responsabilités et d’insomnies, de doutes et de joies inattendus.

Bien plus que la couverture, la maison d’édition ou même la renommée de l’auteur, c’est le résumé du roman qui m’a convaincue en premier lieu. Avec « La vie en chantier », Pete Fromm raconte un drame affreux, abrupt, inattendu. Une tragédie qui frappe Taz, le personnage principal, de la plus violente des façons, le laissant totalement démuni, perdu, errant dans sa propre vie, presque incapable de s’occuper de lui-même. Cependant, il est loin d’être seul, puisqu’il peut compter sur son meilleur ami et sur sa belle-mère pour l’épauler… mais le voilà également parent, responsable d’une petite fille, qui a vu le jour peu avant que Marnie ne ferme les yeux pour toujours. 

- Marnie, crie-t-il, réprimant un sanglot.
Puis, incapable de se retenir, il laisse le chagrin l'envahir, lui arracher les tripes et le vider de l'intérieur, le mettre sens dessus dessous. Ses côtes se contractent, son sternum se fissure. Il bascule sur le ventre et se roule en boule, le visage enfoncé dans le matelas, l'oreiller, étouffant d'énormes sanglots, trempant les draps. il sent Marnie l'envelopper dans ses bras et l'étreindre, comme elle le faisait de son vivant, comme s'ils ne pourraient jamais être assez proches.

Suite à ces événements, Taz semble vivre dans un brouillard permanent, ne sachant plus distinguer les jours qui s’écoulent, ignorant les appels et SMS de ses proches, oubliant même presque de se nourrir et fuyant le sommeil. Un état hagard parfaitement retranscrit par la plume de Pete Fromm, qui fait vivre à son lecteur les mêmes sensations que son protagoniste… enfin, presque. C’est malgré moi que je dois avouer avoir été parfois perdue. A force de si bien dépeindre le flou dans lequel se retrouve Taz, c’est moi qui ai fini par m’y sentir ! Je m’attendais à être plus touchée par les mots de Pete Fromm, mais une certaine distance s’est créée. 

Toutefois, si je n’ai pas totalement accroché à l’écriture, et donc par lien direct, au récit, j’ai par contre adoré l’ambiance du décor dans laquelle nous sommes plongés : Taz vit dans un coin des Etats-Unis aride, au beau milieu de la nature, cette dernière offrant quelques lieux secrets qui valent le détour. Avec Marnie, ils vivent d’escapades dans des coins reculés et de baignades rafraîchissantes, habitent une maison qu’ils comptent retaper de leurs mains ; ils ont mis au jour un beau parquet naturel, ont laissé la cuisine en l’état, mais ont évidemment préparé minutieusement les chambres. J’ai également été touchée par Taz et son attachement à Midge, sa complicité évidente avec Marnie, son amitié de longue date avec Rudy, sa relation avec Lauren. Et comment ne pas mentionner son amour pour le travail du bois ? Sa passion créatrice et son application transpirent du récit et des réalisations qui y sont décrites. Il ne manquait que l’odeur du bois – du pin, plus précisément ! – pour entièrement s’imaginer dans son atelier.

Déposer Midge à la garderie, c'est un peu comme être pendu et équarri. Il tremble en s'éloignant, transpercé par ses cris. La femme lui assure que c'est normal, tout à fait naturel, mais Taz ne peut imaginer chose moins naturelle au monde.

Bref, un récit convaincant dont j’ai aimé la forme et le fond, malgré un petit bémol pour cette barrière, cette distance m’ayant empêchée de ressentir pleinement les émotions des personnages. Cela dit, je comprends désormais l’engouement que suscitent les romans de Pete Fromm, et j’ai hâte de pouvoir découvrir ses autres titres qui m’intéressent tout autant – avec une préférence pour « Mon désir le plus ardent » !

En quelques mots :
+ les personnages, le décor
- le détachement vis-à-vis du récit

Ma note : 4/5


La vie en chantier | Pete Fromm
lu en février 2023 aux éditions Gallmeister (collection Totem - poche)

6 commentaires:

  1. ça a l'air d'être un sujet quand même dûr à aborder... Super article :)

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    1. Merci ! Effectivement sacré sujet mais très bien abordé. Je recommande :)

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  2. Dommage pour le sentiment de distance, même si ça a l'air d'être une histoire touchante tout de même. Je ne crois pas connaître l'auteur, mais tu me rends désormais curieuse de découvrir sa bibliographie !

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    1. Bien contente de te le faire découvrir ! Je pense que ses romans pourraient tout à fait te plaire :)

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  3. J'ai beaucoup entendu parler de Pete Fromm et même si ce n'est pas trop mon genre de lecture, je serais curieuse de le découvrir :)

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    1. Ce qui est sûr c'est que ça change des lectures habituelles qui sont surtout orientées YA et fantasy :)

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.