Chromatopia | Une dystopie prometteuse qui s'est révélée frustrant d'ennui


C'est par pur hasard que j'ai découvert ce livre à la bibliothèque. Là, posé sur son étagère, il me tendait les bras... Ayant vaguement entendu parler du roman lors de sa parution, j'ai choisi de lui laisser une chance, ainsi qu'à l'auteure que je découvrais avec ce titre prometteur et plutôt intrigant. La déception fut rude !

Dans un royaume où règne une division stricte et inégalitaire de la population en castes de couleurs, le jeune Aequo, teinturier de la Nuance Jaune, s'apprête à reprendre la prestigieuse teinturerie familiale. Mais après un dramatique accident, le pire se produit : le jeune homme devient achromate et perd la vision des couleurs. À travers ce nouveau regard, il va découvrir son monde autrement... et se retrouve bien malgré lui entraîné dans un complot au sommet de l'État.

Alors oui, sur le papier, “Chromatopia” avait beaucoup d'aspects qui me plaisaient d'office. En premier lieu, le cadre dystopique : la société est organisée en castes de couleurs, qui définissent le niveau de richesse des habitants. En haut de la pyramide (littéralement, le territoire étant représenté comme un rocher ayant la forme d’un entonnoir) on retrouve les “rouges”, des soldats, et les rares “pourpres”, qui composent la famille royale. Cette faible part de la population contraste fortement aux “verts”, assignés à la dure labeur du travail aux champs, et pire, les “bleus”, relégués dans les bidonvilles au fin fond du territoire de Chromatopia. Des idées intéressantes donc, avec quelques bribes d'explications sur l'histoire et la construction du pays ; mais qui ne sont malheureusement pas suffisantes pour donner assez de profondeur à cet univers. Et ce reproche n'est que le premier d'une longue série…

J'ai un souvenir indélébile de cet instant où ma vie a basculé. Celui où j'ai compris qu'à présent et jusqu'à ma mort, le jaune serait la couleur du désespoir.

Tout s'explique probablement car je n'ai pas accroché avec la plume de l'auteure. Pas assez de descriptions des lieux, des personnages m'ayant horripilée tout au long de ma lecture, peu de rebondissements, les surprises mal amenées, un dénouement bien trop facile... Que c'était laborieux ! Sans parler du personnage de Hyacintha, qui cumule les clichés : elle est pauvre et n’a pas eu d’éducation, son vocabulaire est donc limité et sa façon de s’exprimer paraît très “primaire”. C’est dommage de réduire ce personnage à ces clichés, d’autant plus que cela lui confère un aspect très enfantin alors qu’avec tout ce qu’elle a vécu, on s’attend au contraire.

D'ailleurs, je n'ai pas plus accroché aux autres personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires. Aequo est totalement sans substance, parfois tête à claques, parfois prenant les décisions les plus stupides qui soient. Il n’a aucune personnalité. Cela se ressent lorsqu’il découvre ses sentiments pour Hyacintha… la jeune fille lui avait pourtant opposé une attitude très hostile. Grosse déception également sur sa particularité qui est pourtant mise en avant dans le résumé : oui il a perdu la vision des couleurs, mais cela n’a presque aucun impact sur le récit. Enfin, Améthyste, la princesse, vient compléter ce trio de choc. Elle n’échappe malheureusement pas aux défauts de construction de l’auteure, et est tout aussi détestable que les deux autres. C'est une jeune fille naïve qui ne semble pas se remettre en question et qui ne cherche jamais réellement à se battre pour ses convictions.

Quand on doit se battre pour survivre, parfois on fait des choix qui n'ont rien à voir avec le coeur ou la raison. Parfois on fait le choix de la haine pour que les choses changent. Et si nous devons faire des sacrifices pour que Chromatopia devienne enfin une cité où chacun peut vivre en paix... Alors nous les ferons.

Un petit mot sur l'histoire, qui n'a rien de bien passionnant. On devine très rapidement le gros secret que l'auteure cherche désespérément à nous cacher ; ainsi la surprise retombe comme un soufflet et on perd le peu d’intérêt au roman qu’on avait réussi à maintenir. Ce dernier aurait mérité de la tension, des trahisons, des conspirations et autres pour être réellement captivant, mais Betty Piccioli n’en fait rien. Les résolutions finales sont beaucoup trop faciles et manquent totalement d’enjeux, en conclusion c’est le roman entier qui manque de crédibilité. J’ai presque trouvé que l’intrigue concernant le prêtre avait plus de consistance et avait été plus travaillée.

Bref, une belle déception. Je comprends pourquoi j’ai peu entendu parler de ce livre, et encore moins de sa suite. De peur d'y retrouver les mêmes défauts, je ne m'y plongerai certainement pas - et je ne vous recommande pas de tenter l’expérience !


En quelques mots :
+ le système de castes de couleurs
- les personnages manquent de consistance et crédibilité

Ma note : 2/5


Chromatopia | Betty Piccioli
lu en mars 2023 aux éditions Scrinéo

16 commentaires:

  1. oh dommage ...
    Il est dans ma wishlist ! Je l'emprunterai à la bibliothèque si je le trouve :)
    des bises

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    1. Arf, désolée si je te décourage un peu. J'espère que tu le trouveras à la bibliothèque !

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  2. Eh bien : je passe mon tour.

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  3. Je l'avais vu passé à sa sortie, il me tente toujours, mais je pense l'emprunter à la bibliothèque. Vu les problèmes soulevés, je sais pas si ce sera une priorité, mais le pitch de base avait l'air si cool. Merci pour ce retour.

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  4. Un univers qui aurait pu être intéressant, dommage :/

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    1. Oui, l'idée était bonne, pour le reste c'est trop bancal malheureusement !

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  5. Dommage... C'est vrai que ça fait beaucoup de points noirs pour un seul livre. J'ai vu plusieurs bons avis avant le tien et du coup, je le trouvais plutôt tentant. Finalement, je ne sais plus trop 😅

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    1. Oups, mon objectif n'était pas non plus de dégoûter les potentiels lecteurs ! J'ai pointé tout ce qui ne m'a pas plu. Si tu penses que ça ne te dérangera pas trop, tu peux quand même tenter !

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  6. Oh c'est dommage. J'aimais bien cette idée de castes par couleur, avec le jeune homme qui perd la vision des couleurs. Bon, après si je le croise par hasard quelque part, peut-être que je le lira mais certains des points dont tu parles pourraient aussi me déranger.

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  7. Marie (parle de livres) 📚22/07/2023 08:01

    Je viens ici suite à notre discussion sur l’autrice ! Je comprends totalement et je peux imaginer ce qui t’a dérangé avec les personnages. J’ai également trouvé que dans No Sex Club, les personnages étaient son point faible !
    Dommage car les deux romans sont prometteurs !

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    1. Hello Marie ! Zut c'est vraiment dommage que ce défaut ne soit pas corrigé ! Peut-être que pour ses prochains romans ça sera fait :D

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.