Campus drivers | Une romance portée par un personnage principal bien trop machiste...


Depuis quelques mois, « Campus drivers » s'était hissé en haut de la liste des romans que je souhaitais absolument découvrir. L'envie des lectures légères, tel les romances, avec l'arrivée des beaux jours n’y était sans doute pas pour rien. Ajoutez à cela un ressenti positif souvent exprimé sur les réseaux sociaux quant à ces romans, bref, je n'ai pas tardé à dévorer celui-ci.

L'année universitaire qui débute promet d'être radieuse pour Lane O'Neill. Campus Drivers, l'application qu'il a fondée avec ses meilleurs amis, cartonne. Le concept est simple : jouer les taxis pour étudiant, au volant de voitures de collection. Les filles en raffolent, et les quatre chauffeurs ont à coeur de ne jamais décevoir leur clientèle.
Lane n'a qu'un seul défaut aux yeux de la gent féminine : il ne s'attache pas. Jamais. Dès qu'il pousse la porte de chez lui, il aspire à ce qu'on lui fiche la paix.
Alors comment se retrouve t-il à héberger Lois Hogan, la fille que son voisin vient de larguer ?

Autant le dire tout de suite : mon enthousiasme a été vite douché, si vite que j'ai sérieusement songé à abandonner ma lecture. En effet, j'ai eu la désagréable surprise de découvrir des remarques à la fois sexistes, complètement exagérées, ou même problématiques dès les premières pages. La toute première de ces remarques se trouve être… sur la seconde page du roman seulement ! Le personnage principal, Lane, indique que son travail de chauffeur sur le campus est tout à fait bénéfique : cela lui permet de gagner de l'argent et, je cite, de se « vider les bourses ». Ah oui, c’est très classe tout ça, et tout de même un peu dégradant vis-à-vis des passagères qui requièrent les services des campus drivers. Mais ce n'est pas la seule remarque machiste de Lane que j'ai relevée, loin de là ! 

Lisez ceci : « Les nanas fonctionnent souvent de la même manière : elles ont une motivation subite de se mettre à l'exercice, font deux jours de jeûne, avant de dévorer un bon gros hamburger ». Cher Lane, deux questions : penses-tu vraiment qu’il est respectueux de parler des “nanas” au lieu des “femmes” (notons que le terme “gonzesse” est également employé plus tard dans le récit) ? Et puis, ne font-elles pas ce qu’elles veulent de leur corps et leur alimentation ? Les choses empirent quand on comprend ce que sont réellement les femmes aux yeux de Lane : des objets jetables qu’il n’estime pas le moins du monde. La preuve ? Attendez-vous à une déferlante de citations… 

« Mes yeux suivent les groupes d'élèves, détaillant plus longtemps les jolies paires de fesses […] c'est là que je me rends compte que je n'ai pas couché avec une nana depuis un petit moment et que ça commence sérieusement à me chatouiller »
Sympa d’être considérées comme des paires de fesses, non ? Je parle de ma propre expérience mais je ne pense pas être la seule : je déteste être reluquée par des mecs, et par n’importe quel mec, beau gosse ou pas. Evidemment, ça m’horripile de voir ça dans un livre, surtout ici où le fait d’être matée par Lane semble être valorisé.

« J'ai l'habitude des novices en campus driver qui craquent systématiquement pour leur chauffeur »
Une remarque non seulement condescendante mais prétentieuse qui plus est. Elle est en lien avec le prochain extrait :

« Les filles qui gravitent autour de nous veulent soit se faire mousser, soit se faire baiser »
Redescends de ton piédestal, mon pote ! Il faut arrêter de se prendre pour le dieu du campus. Le problème sous-jacent avec cette remarque est qu’elle renvoie à la trope “pas comme les autres”, qui ne sert qu’à dévaloriser les autres personnages féminins du roman.

« Je traverse la foule tout en saluant d'un clin d'œil les nanas qui me sourient avec envie. D'abord quelques verres, ensuite l'une d'entre elles fera l'affaire. » 
Encore une fois, cette remarque est tellement dévalorisante… Mettez-vous deux minutes à la place d’une de ces filles qui “fait l’affaire”, et dites-vous que ce roman est écrit par une femme : j’ai du mal à comprendre ce qui est passé dans la tête de l’autrice.

« - Pourquoi aucun d'entre vous n'a de petit ami ? - Parce que c'est chiant. Je préfère avoir des copines avec qui je peux coucher et une amie trop sympa que je peux envoyer balader quand elle me casse les pieds. » 
On revient donc au concept de l’objet jetable. Et puis à quel moment c’est chiant d’être en couple ? Lane a de sérieuses questions à se poser.

Notons que les amis de Lane ne valent pas mieux que ce dernier. La preuve avec la joyeuse exclamation d’un autre campus driver : « Waouh ! Mec, comment tu fais ça ? Tu exiges, et elle exécute. C’est excellent ! ». Excusez-moi, mais on est en 1850 pour qu’un homme se réjouisse un peu de voir une femme obéir ?

Le récit continue tant bien que mal, il ne se passe pas grand-chose - ou alors, tout est si évident que je m'y suis ennuyée. Mais c'est avant LA révélation qui percute Lane ! « C’est ma première pote fille et ce n'est pas si chiant que ça, tout compte fait ». OMG ! Être ami avec une fille, ce n’est pas chiant ?! Alors là, je ne m’en serai jamais doutée. Quelle belle prise de conscience… cela sera d’ailleurs la seule prise de conscience du personnage, qui à aucun moment ne se rend compte de son ou ses comportements problématiques. Je m’explique : Lane est très colérique, il donne des ordres à Loïs et en vient jusqu'à l'empoigner pour qu'elle le suive, il a parfois besoin de boire beaucoup pour soulager ses nerfs, et met tous ses éclats d’humeur sur le dos d'un décès l'ayant beaucoup affecté il y a 3 ans. J'entends bien qu’une perte n’a rien de facile à vivre, mais cela ne lui permet pas de traiter les autres comme de la merde.

Tu es intolérant à la tristesse du moment que tu l'estimes inutile. 
Mais les autres ont le droit de souffrir aussi. 
Même à cause d'un coeur brisé.

Mon sac étant vidé… passons aux qualités du roman, car il serait bien mal avisé de le critiquer autant sans reconnaître ses bons points. En premier lieu, j’ai relevé la facilité avec laquelle j’ai lu le roman : les échanges sont fluides, notre intérêt est maintenu, et les personnages, malgré leurs défauts, ont tout de même un petit quelque chose d’attachant. Deuxièmement, j’ai vraiment apprécié l’affirmation du caractère de Loïs : même si cela arrive (trop) tardivement, la jeune femme se rebiffe, s’exprime et ne se laisse pas influencer par les yeux doux que lui fait Lane. Elle prend des décisions pour elle seule ; après avoir tant subit pendant l’entièreté du récit, elle comprend enfin qu’elle doit penser à son bien-être.

Bref, un roman qui présente quelques qualités mais surtout un énorme défaut : le personnage principal masculin. Trop de ses remarques m’ont mise en colère et révoltée, surtout au regard des jeunes adolescents qui lisent ce roman… A mes yeux tout ceci normalise le sexisme et les comportements problématiques. Cependant, devinez quoi ? Je pense lire la suite, car j’espère que les prochains tomes s’amélioreront !


En quelques mots :
+ la prise en confiance de Lois
- Lane et ses remarques

Ma note : 3/5


Campus drivers #1 : SuperMad | C.S. Quill
lu en juin 2023 aux éditions Hugo

10 commentaires:

  1. Je sais que ce roman va m'énerver grâce à ta chronique. Je ne le lirai donc pas.

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  2. Ouh là ! Beaucoup trop de citations horripilantes et dégradantes pour que je me laisse tenter !
    Cela dit, j'attends ton retour sur la suite avec curiosité ^^

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    1. Ah ah, il faut dire que j'ai mis le paquet avec toutes ces citations ! Heureusement que le roman n'est pas entièrement rempli de remarques de ce genre. Cela dit, je suis étonnée de constater que je suis presque la seule à les avoir remontées...
      La suite était meilleure ! Je prépare ma chronique :)

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  3. Je ne lirai pas ce livre... L'histoire n'a pas l'air particulièrement originale, et les remarques sexistes que tu relèves tout au long de ta lecture sont révoltantes... Tu m'as parfaitement convaincue de ne pas découvrir ce roman ;) Ceci dit, j'espère que le sexisme diminuera dans le tome suivant et que ta lecture en sera meilleure.

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    1. Ah ah, ce n'est pas mon habitude de convaincre de ne PAS lire un livre... mais ravie de voir que mes propos sont efficaces 😂

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  4. J'entends beaucoup parler de cette saga mais sur les réseaux mais honnêtement, avec toutes les citations que tu donnes ici, je ne suis pas certaine que ça me plairait. Je n'aime pas ce genre de vocabulaire ou d'idée...

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    1. Effectivement, je te conseille de passer ton tour !
      Je trouve ça super dommage que la saga soit aussi populaire mais que les défauts ne soient jamais pointés du doigt...

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  5. Décidemment, tu n'as pas de chance avec tes romances 😅
    Je n'ai vu que de bons avis sur Campus Driver jusqu'au tien je pense. Mais c'est vrai que les citations refroidissent un peu...

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    1. En effet, j'attendais énormément de toutes ces romances... je suis tombée de haut 😅

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.