Je lis donc je suis

Rien de tel qu’une couverture attractive pour avoir envie de découvrir un roman dont on n’a jamais entendu parler ! En piochant celui-ci sur les étagères de la médiathèque, je ne savais pas à quoi m’attendre : “Tous les arbres au-dessous” n’est clairement pas le genre de livre à faire le tour des réseaux sociaux. Pourtant, je suis persuadée que tout ce qui m’a intriguée pourrait séduire de nombreux.ses lecteurices : un décor post-apocalyptique français et des personnages qui doivent survivre seuls… et face aux autres.

Retranché dans une ferme isolée du massif vosgien, Salvatore a parfaitement anticipé la fin inéluctable de notre civilisation. Il s’est minutieusement préparé à la survie en autarcie. Mais après trois ans de solitude, son chemin croise celui d’autres survivants…

Alors, que cache ce titre mystérieux ? Un récit survivaliste où la violence est omniprésente, obligeant les personnages à se battre à chaque page, ou plutôt un “nature writing” calme et apaisant rythmé par la vie de la faune et la flore ? Evidemment, la réponse est : aucun des deux ! Antoine Jaquier pose le contexte sans vraiment le faire ; comprenez par ici qu’on a seulement une vague idée de ce qui a pu se passer et expliquer une telle situation d’anarchie. Nous voilà face à une nouvelle vie certes, mais quels ont été les éléments déclancheurs de l’effrondrement du système ? Là n’est pas le thème du roman, j’entends que nous n’ayons pas plus de détails sur ce point.

D’ailleurs, on s’en accomode plutôt bien puisque l’auteur choisit de mettre en avant les compétences survivalistes de son personnage principal. Je dois avouer que j’étais curieusement enthousiaste à l’idée de découvrir comment se préparer pour la vie en autonomie ; ce genre de chose existe dans la vraie vie et une partie de moi est fascinée par ces “coachs” qui imaginent le pire - et vivent de ça ! Salvatore est ce genre d’homme, qu’on visualise parfaitement : un être farouche et brusque vêtu d’un treillis, répétant à qui veut bien l’entrendre “on vous avait prévenu !”. Il va sans dire que ce personnage ne m’a pas toujours convaincue… d’abord pour sa masculinité exacerbée dont il se drape fièrement, pour son attitude hautaine, mais aussi et surtout pour ses réflexions à propos des jeunes femmes qui l’entourent. Visiblement, les 20 années (au bas mot) qui les séparent ne semblent pas déranger celui qui aimerait bien les toucher !

Qu’en est-il du récit ? Eh bien, si j’élude autant la question, c’est parce qu’il m’a laissée perplexe. Même en ayant du recul sur l’histoire, c’est difficile de statuer : le côté survivaliste du récit m’a plu, mais beaucoup de petits détails m’ont chiffonnée. Que ce soit les interactions entre les personnages, l’exploration des environs de la ferme de Salvatore, ou la gestion des conflits, j’ai au la sensation que l’auteur n’allait pas au bout des choses. Et sur les derniers chapitres, on prend un virage si serré que j’ai cru complètement décrocher ! Les élucubrations des personnages étaient longues, lentes et complexes : un cockail peu agréable.

Bref, voilà un ressenti un peu mitigé pour ce roman d’un genre que je lis peu - mais qui pourtant me plaît bien. D’ailleurs il m’a donné envie de lire plus de titres similaires ! Ce genre d’ambiance, sombre et constamment menaçante, est assez exaltant.

+ le début du roman

- la fin du roman (😂)

lu en janvier 2023 aux éditions Au diable vauvert