Fourth wing | Une romantasy extrêmement addictive mais dotée de nombreux défauts


“Fourth wing” a fait l’effet d’un raz-de-marée dans la sphère littéraire en 2023 ! On ne voyait que lui sur les réseaux sociaux : impossible de passer à côté. Nombreux étaient celleux qui attendaient sa parution en français. Intriguée par le phénomène, j’ai résisté à l’achat, mais dès que j’ai pu, je l’ai emprunté à ma sœur qui elle avait craqué pour la jolie édition collector. Aussitôt ouvert, aussitôt dévoré ! Mais qu’en ai-je pensé ?

Rien ne prédestinait Violet Sorrengail à être une cavalière. Elle était censée intégrer le quadrant des Scribes et mener une vie tranquille parmi les livres. Elle dont les os sont si fragiles qu’ils peuvent se briser en un instant… Mais aujourd’hui est le jour des conscriptions, et en tant que fille de la Générale, Violet n’a d’autre choix que de satisfaire les ordres de sa mère, et de rejoindre les épreuves de sélection pour devenir dragonnière… L’élite de la Navarre !
Pourtant, le simple fait d’envisager s’inscrire à cette compétition lui paraît ridicule… Car les dragons ne se lient pas aux humains « fragiles » : ils les brûlent ! Mais Violet est peut-être la candidate la moins forte physiquement, elle est cependant rusée et rapide. Des qualités indispensables quand on évolue dans un monde sans foi ni loi, où les alliés peuvent vite devenir des ennemis, ou peut-être encore des conquêtes… Violet va vite devoir penser à un plan solide, car cette compétition n’a que deux issues : passer toutes les épreuves ou mourir !

Mettons les pieds dans le plat tout de suite : “Fourth wing” est un roman totalement inégal - aussi bien dans sa construction que dans ses personnages. De ce fait, il est loin d’être le coup de cœur que beaucoup ont exprimé, même si je m’attendais à un décalage entre les éloges des réseaux sociaux et mon propre ressenti. C’est dommage, car le roman possède de nombreux atouts ! Ils sont mis en avant dès le résumé, qui est d’ailleurs extrêmement alléchant. On nous parle de dragons, d’académie guerrière, de multiples épreuves aux dangers incessants ; le tout au sein d’un monde de fantasy pure où les complots semblent faire partie du quotidien, tout comme la menace constante de batailles sanglantes. Ajoutez à cela une relation sulfureuse et j’étais complètement séduite par les promesses de l’autrice !

Un dragon sans cavalier est une tragédie. Un cavalier sans dragon est mort.

Malheureusement, toutes ces idées ne sont pas assez développées, et je pense en premier lieu aux dragons. Je m’explique : il y a dix ans, j’ai dévoré la saga “Eragon” qui mettait elle aussi en scène ces créatures mythiques. La saga m’a laissé des souvenirs aussi marquants que grisants. Cependant, là où Christopher Paolini prenait le temps de décrire lieux et mythologie, d'inventer des langages et des croyances, Rebecca Yarros a préféré s’étendre sur l’incroyable musculature de Xaden Riorson. Nous savons tout des lignes de sa mâchoire, de ses abdos et de ses cheveux de jais - au détriment, il va sans dire, des précisions concernant le peuple et les coutumes du royaume de Navarre, par exemple.

Une foule d’éléments qui auraient pu préciser l’univers de “Fourth wing” sont manquants ou bien incohérents, et je le regrette énormément. Un environnement et une atmosphère soignés auraient fait la différence ; le récit aurait été plus intense et plus marquant, notamment au niveau des scènes de combat. Pour appuyer mes propos, voici quelques détails qui m’ont dérangée et illustrent parfaitement le manque de cohérence : 
  • Les personnages évoquent la “pensée positive”, un concept qui me semble déplacé dans un violent univers de fantasy !
  • On a très peu de descriptions et mentions des autres élèves de l’académie, à croire que l’autrice a oublié qu’ils faisaient partie de son histoire. Même chose concernant les descriptions des lieux.
  • Les mois de l'année sont les mêmes que les nôtres : étrange dans un roman de fantasy, encore une fois.
  • Un personnage indique qu’il adore le gâteau au chocolat… cf le premier point de la liste.
J’ajoute à cela que le roman est conséquent : plus de 600 pages ne suffisent donc pas à détailler contexte et environnement ? Peut-être qu’un découpage aurait été plus efficace. Il aurait à la fois permis un meilleur développement de l’univers et de la romance.

Je suis le ciel et la puissance de toutes les tempêtes qui se sont jamais déchaînées.
Je suis infinie.

Justement, la romance, parlons-en ! J’ai réussi à la tenir de côté jusqu’à maintenant, pourtant il va sans dire qu’il s’agit bel et bien de l’argument de vente numéro 1 - ou peut-être à égalité avec la présence des dragons. Une chose est certaine, l’autrice a privilégié la romance plus que l’exploration de son univers. Elle captive aisément son lectorat en faisant naître des étincelles entre Xaden et Violet. Néanmoins, j’ai regretté de retrouver encore et toujours des clichés, certains étant un brin sexistes. Et puis surtout, le rapport entre Violet et Xaden est malsain, la notion de domination est trop présente entre les deux : il est plus grand qu’elle, plus âgé, a un statut hiérarchique plus important qu’elle et mentionne à plusieurs reprises qu’elle lui “appartient”. Je n'aime pas voir ça dans les romans !

En plus de ça, j’ai eu du mal à considérer la romance très crédible. On ne sait pas vraiment ce que l’autrice a tenté de faire : une relation haine/amour ? une relation entre un professeur et son élève ? De plus, elle évoque à de nombreuses reprises leur haine mutuelle et leur envie de s’entretuer. Pourtant rien n’est concret et en plus de ça, ils sont attirés l’un par l’autre et communiquent trop facilement, trop aimablement. A aucun moment Xaden n’est un obstacle pour Violet, tout comme cette dernière ne lui montre jamais d’animosité. En fait, on dirait que l’inspiration a jailli de l’autrice sans qu’elle ne canalise ses pensées…

Tu me veux. [... ] Tu me le montres chaque fois que tu choisis de me faire confiance, chaque fois que tes yeux s'attardent dans les miens. Tu me le montres à chaque leçon de combat que tu prends sur ton temps même si tu n'en a pas et à chaque leçon de vol qui t'éloigne de tes propres devoirs. Tu le montres lorsque tu refuses de me toucher parce que tu crains que je n'ai pas vraiment envie de toi, puis quand tu prends le temps de cueillir des violettes après une réunion de dirigeants pour que je ne me réveille pas seule.

Bref, “Fourth wing” est indubitablement un récit addictif et marquant, qui saura faire battre votre cœur. Malheureusement, l’univers n’est pas assez construit et l’intrigue manque de cohérence, tout comme la romance qui en plus empiète sur le reste. Tout est jeté sur le papier, sans consistance ni solidité. Ne sont pas non plus mentionnés les répétitions, tournures bancales et vulgarités trop fréquentes ! 


En quelques mots :
+ les idées
- défauts de cohérence et construction

Ma note : 4/5


Fourth wing, tome 1 | Rebecca Yarros
lu en mars 2024 aux éditions Hugo

6 commentaires:

  1. Je vois que certains éléments sont effectivement pas foufou, Alex bouquine en prada a tiqué sur les mêmes choses. Ma foi, j'ai vraiment envie de tester le roman, je l'emprunterai certainement pour m'en faire un avis perso. C'est incroyable que malgré ses défauts qui sont tout de même importants, le roman soit aussi passionnant =) Merci pour ce retour qui m'éclaire pas mal !

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    1. Ah oui j'avais noté dans un coin de ma tête de regarder la vidéo d'Alexandra, tu viens de me le rappeler !
      Tu as raison de vouloir le lire, je dirais que malgré tout, il vaut le coup.

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  2. Caroline - Le murmure des âmes livres11/04/2024 11:18

    Ce n'est pas un roman qui m'attire mais par contre, tu m'as donné envie de lire la saga Eragon, dont j'ai le premier tome dans ma bibliothèque depuis un bail. 😁

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    1. Oh la la, mais ouiiiii, Eragon est génial ! Je garde un incroyable souvenir de cette saga, j'ai des images assez précises des lieux imaginés par l'auteur, des dragons... une belle histoire d'aventure, de magie, d'amitié. J'espère que ça te plaira ❤️🐉

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  3. Oh, je pense que j'aurai les memes reticences que toi. C'est le plus important, l'univers, dans un roman de fantasy donc si il n'est pas bien construit....

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    1. Tout à fait, l'univers est l'élément central qui nous permet d'être entièrement immergé dans notre lecture !

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.