Je lis donc je suis : Les sept soeurs #6 | Un livre long, lent, et un brin problématique

Les sept soeurs #6 | Un livre long, lent, et un brin problématique

Ah, “Les sept soeurs”… j’ai adoré découvrir cette saga quand j’ai ouvert le premier tome il y a de ça deux ans. J’ai rapidement dévoré les premiers tomes, un brin mystérieux et addictifs, qui me faisant voyager à travers le monde. C’est bien dommage d’en arriver à un point où je me demande si je vais la terminer ou l’abandonner ! Mais comment sommes-nous arrivées là ? Je vous explique tout dans cette chronique.

Electra d’Aplièse a tout pour elle : mannequin le plus en vue de la planète, elle est belle, riche et célèbre. Mais derrière cette image idéale, c’est une jeune femme perdue depuis la mort de son père, Pa Salt, un milliardaire excentrique qui l’a adoptée avec ses six soeurs. Emportée dans la spirale infernale de la drogue et de l’alcool, et alors que tout son entourage craint pour elle, elle reçoit une lettre d’une inconnue qui dit être sa grand-mère…
1939. Cecily Huntley-Morgan arrive au Kenya depuis New York, à la suite d’un chagrin d’amour. Elle réside chez sa marraine, membre influent de la bonne société locale, sur les rives du somptueux lac Naivasha. Cecily va y rencontrer Bill Forsythe, un fermier connu pour ses relations avec la fière tribu massaï. Mais l’arrivée de la guerre en Europe va bouleverser leur quotidien. Jusqu’à sa rencontre avec une jeune kenyane, qui lui arrachera une promesse qui changera le cours de sa vie…

J’attendais ce sixième tome avec curiosité ; la promesse de découvrir Électra me plaisait. En effet, la jeune femme détonne au milieu de ses soeurs : c’est la seule personnage noire de la saga, et également la seule à être devenue célèbre au niveau international. De plus, à 26 ans, c’est celle qui est le plus proche de moi en termes d’âge. Tout ceci a évidemment joué dans mon appréciation du personnage ; j’ai aimé la suivre dans son quotidien rythmé et chaotique, j’ai aimé lire ses éxcès et ses amours, j’ai aimé son caractère éruptif et tout ce qui en découlait. Électra est définitvement une jeune femme touchante qui, malgré ses défauts, réussit à se poser les bonnes questions et ouvrir les yeux. Son parcours est aussi intéressant qu’important.

❝

Tant de vedettes me racontaient qu'elles rêvaient depuis leur enfance de devenir riches et célèbres. Moi, je rêvais juste d'un monde où je me sentirais à ma place. Parce que c'était la seule chose que j'aie jamais souhaitée.

❞

Malheureusement, l’évolution d’Électra est le seul point positif du roman. La suite n’est qu’une liste sans fin de défauts, et commençons avec ce qui m’a manqué à l’histoire d’Électra : son ressenti face au racisme. Le mot est à peine évoqué dans le roman et je trouve improbable qu’une jeune femme évoluant dans le milieu de la mode n’y soit pas confrontée. Notre société est encore trop raciste et ne pas en parler dans un roman où le personnage est Noire est à mes yeux une forme de déni.

Ensuite, malgré les longs chapitres se déroulant au Kenya et des mentions à un héritage Massaï, Lucinda Riley ne nous donne que très peu d’informations sur les coutumes et l’histoire de ce peuple. Elle mentionne simplement le côté “barbare” des Massaï, qui boivent le sang de leurs vaches ou se marient avec plusieurs femmes. L’ironie veut qu’on suive, au contraire, une femme blanche qui débarque dans le pays en n’y connaissant rien et en ne prenant jamais le temps de le faire. Cette même femme recueille un bébé noir, ce qui lui vaut d’être encencée pour son acte de bonté… Tout cela évoque les clichés du “white savior” qui est évidemment à déconstruire puisqu’il fait croire que les noirs ont besoin des blancs pour se révolter, s’éduquer, etc.

❝

Cecily ferma les yeux et repensa à sa belle maison et à son magnifique jardin. C'était comme ouvrir un livre qui était resté fermé sur une étagère pendant des années et dont elle aurait oublié la beauté.

❞

Le plus gros défaut du roman réside toutefois dans sa longueur ! Autant les chapitres concernant Électra étaient dignes d’intérêts bien que longuets, autant les chapitres dédiés à Cecily m’ont profondément ennuyée. Je les ai parfois lu en diagonale sans ne rien manquer au récit. Le roman aurait pû être percutant, mais en choisissant les mauvais personnages et en ajoutant détail sur détail, l’autrice m’a complètement larguée.

⚠️ TW : VIOL

Pour finir, il m’est impossible de ne pas mentionner ce qui m’a hérissé les poils : Lucinda Riley écrit une scène de viol dans son roman, sans jamais la nommer comme telle. Pourtant, tout est limpide dans le texte : à trois reprise, une femme refuse le contact physique d’un homme, lui opposant des arguments clairs et nets. Celui-ci n’en a cure puisqu’il la pénètre sans qu’elle soit au courant. Le consentement n’est jamais donné - il est plutôt arraché une fois les actes effectués. Cela correspond parfaitement à la définition d’un viol, or plus tard dans le récit l’autrice ne fait rien pour établir la vérité. Nier ce viol c’est tout simplement cracher à la figure des femmes qui subissent des agressions humiliantes de ce genre. C’est banaliser les violences sexuelles et perpétuer la culture du viol. C’est habituer les lecteurices à ce genre de scène, et potentiellement répéter les mêmes schémas. C’est grave, et ça me met en colère qu’en 2020 des éditeurices permettent de publier ce texte en l’état, sans même un avertissement ou une explication des faits.

Bref, la déception face à ce roman est amère. C’est difficile d’avoir envie de continuer la saga quand on sait qu’on est face à d’autres pavés de ce genre ! Je pense laisser une chance au septième tome puisque je touche au bout de la saga, mais je ne me précipiterai pas dessus.

Ma note : 2/5

Les sept soeurs #6 : La soeur du soleil | Lucinda Riley

lu en juillet 2024 aux éditions Le livre de poche

10 commentaires:

Wonderbooks25/08/2024 13:22
Je n'aurais peut-être pas dû lire ton avis car je n'ai lu que le tome 1 de la saga (le tome 2 m'attend dans ma PAL) mais autant dire que je ne suis pas pressée d'arriver au 6 😂
Merci de souligner ces points car effectivement, ça a l'air très problématique comme livre. Il semble cocher toutes les cases de tout ce qui ne devrait plus exister.
RépondreSupprimer
Réponses
Marinette27/08/2024 15:10
C'est une saga qui me rend curieuse, car elle plaît beaucoup, fait parler d'elle... Mais vu les (gros) bémols de ce tome, ça donne forcément moins envie :/
En tout cas, j'espère que le septième tome te plaira tout de même plus.
RépondreSupprimer
Réponses
Gaëtane28/08/2024 14:54
Oh lå là, comme Marinette j'avais envie de découvrir cette saga, mais ta chronique sur ce tome 6 me donne plutôt envie de fuir.
RépondreSupprimer
Réponses
Twogirlsandbooks05/09/2024 22:33
Arf... C'est un peu tendu cette histoire de viol quand même. Je pensais que dans un tel livre, le viol ou le racisme serait dénoncé.
C'est dommage parce que j'ai beaucoup entendu parler de cette saga et que je suis bien tentée.
RépondreSupprimer
Réponses