Je lis donc je suis

Incroyable ! Je suis tombée sur un ovni littéraire que j’ai ouvert par pure curiosité et immédiatement adoré. Les romans aussi originaux que “Education meurtrière” sont rares… j’espère bien attiser votre curiosité avec cette chronique qui tentera de transmettre mon enthousiasme !

Bienvenue à la Scholomance, une école pour les surdoués de la magie où l’échec signifie la mort... au sens propre. Dans cet établissement, il n’y a pas de professeurs, pas de vacances et pas d’amitiés, sauf celles qui sont stratégiques.
El Higgins est particulièrement bien préparée pour sa première année. Elle n’a peut-être pas d’alliés, mais elle possède un pouvoir assez puissant pour raser des montagnes. Elle semble donc de taille à affronter cette scolarité hors normes. Le problème ? Sa magie pourrait aussi tuer tous les autres élèves.

Une couverture sobre, un résumé avare en détails, des schémas intrigants dévoilant le fonctionnement d’un bâtiment magique… L’extérieur du roman laisse présager à quel point ce qu’il contient est mystérieux et original. Et quand on s’y plonge, c’est encore plus impressionnant - bien qu’un brin déstabilisant ! En effet, Naomi Novik ne s’embarrasse pas d’explications, de présentation, de mise en contexte, glossaire, bref, de toute chose permettant à ses lecteurices de se projeter dans son récit. Non, elle trace sa route, les personnages survivent (ou pas), les monstres se déchaînent, l’école fait de son mieux, et nous, fascinés par tout cet imaginaire foisonnant, nous lisons chapitre après chapitre. En tout cas, ce fut mon cas, mais je sais qu'un style narratif aussi particulier, aussi franc et incisif ne plaira certainement pas à tout le monde.

Paradoxalement, le sombre univers imaginé par Naomi Novik m’a tout de suite enchantée. Prenez Poudlard, saupoudrez-là de l’ambiance qui rôde à Ketterdam, et vous aurez une petite idée de ce qu’est la Scholomance. Un lieu extrêmement complexe, régit d’une façon astucieuse, où les maléficarias naissent à foison, dans le seul objectif est de croquer du sorcier. Tout ceci dans un contexte plutôt réaliste où on croise des références à la pop culture - notre personnage principal s’appelle Galadriel, oui, oui !

Justement, j’ai adoré le personnage d’El. Elle représente parfaitement l’anti-héroïne : elle est seule, désagréable avec ceux qui l’aident, galère en cours, possède d’immenses pouvoirs inquiétants… un portrait peu flatteur, pourtant je me suis immédiatement attachée à cette jeune femme et à sa mauvaise humeur, sa combativité, son esprit vif et entêté, son cerveau constamment sur le qui-vive.

A l’originalité de l’univers et des personnages s’ajoute la narration atypique : non seulement les dialogues sont rares, les descriptions longues et précises, mais en plus Galadriel brise le quatrième mur à plusieurs reprises. En nous impliquant de cette façon dans le récit, c’est encore plus facile de l’apprécier. La tension monte progressivement au fur et à mesure que l’intrigue avance, et rapidement on se surprend à dévorer le roman ! Je l’avoue, il m’était difficile de m’extraire de l’atmosphère si particulière de la Scholomance.

Bref, un beau coup de coeur pour ce roman plus qu’original. Le style si particulier et l’univers complexe peuvent décourager au premier abord, mais c’est justement ce qui m’a convaincue. Désormais je n’ai qu’une hâte : me plonger dans la suite !

lu en octobre 2024 aux éditions Pygmalion