Je lis donc je suis

J’avais oublié à quel point il était facile de lire un roman de David Foenkinos ! On ouvre le livre, on a à peine le temps de lire les premières pages, de s’imprégner des lieux et de s’habituer aux personnages que le récit se termine déjà. On ne va pas se mentir, cette remarque vaut aussi bien pour un point positif que négatif ! Un roman qui se lit vite mais marque peu, c’est dommage - et pourtant c’est le constat que je fais avec “La famille Martin”.

J'avais du mal à écrire ; je tournais en rond. Mes personnages me procuraient un vertige d'ennui. J'ai pensé que n'importe quel récit réel aurait plus d'intérêt. Je pouvais descendre dans la rue, arrêter la première personne venue, lui demander de m'offrir quelques éléments biographiques, et j'étais à peu près certain que cela me motiverait davantage qu'une nouvelle invention. C'est ainsi que les choses ont commencé. Je me suis vraiment dit : tu descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois, et elle sera le sujet de ton livre.

S’il y a bien une chose dont je me délecte avec la lecture, c’est quand les auteurices jouent avec les frontières entre fiction et réalité. Le premier nom qui me vient en tête est bien sûr celui de Taylor Jenkins Reid : l’autrice a parfaitement su me faire croire à l’existence de Daisy Jones ou Evelyn Hugo, deux de ses héroïnes. D’un point de vue plus local, Clémentine Beauvais a elle aussi mêlé le vrai du faux dans “Les facétieuses”, un roman qui porte son nom à merveille. Quelques années avant elle (”La famille Martin” a été publié en 2020 et “Les facétieuses” en 2022) c’est donc David Foenkinos qui s’y est essayé avec ce court roman !

Comment savoir où se place la limite de l’imagination de l’auteur ? Vraies rencontres inspirantes ou esprit inventif capable de se projeter ? La famille Martin a-t-elle existé plus loin que la pointe de la plume de David Foenkinos ? Je suis incapable de répondre à ces questions et cela me réjouit plus qu’autre chose !

Si “Charlotte”, découvert en 2018, avait été une lecture me laissant à bout de souffle, “La famille Martin” m’a plutôt fait l’effet d’une balade paisible. Le rythme est posé, le ton guilleret ; les personnages se dévoilent à nous petit à petit, dévoilant leurs secrets et sentiments ; l’intrigue se construit de la même façon qu’un enfant joue avec ses Lego : brique après brique, une structure apparaît mais on ne sait jamais à quoi s’attendre ! Ce n’est pas désagréable ; le temps ne se fait pas long et jamais l’ennui ne s’invite. Tout ceci est bien évidemment dû à la plume de l’auteur que j’ai particulièrement appréciée ! Elle a quelque chose d’unique : un phrasé parfois ampoulé contrebalancé par des piques d’humour - des remarques de l’auteur notamment. Et je ne vous ai pas encore parlé des petits secrets d’écriture dévoilés par David Foenkinos… mais je vous laisse les découvrir vous-même !

Bref, si “La famille Martin” ne restera pas éternellement en ma mémoire, il reste un livre sympathique, accessible et pétillant. Pour celleux qui apprécient les plumes ayant du caractère, vous serez ravis ! Et bien sûr, je ne peux m’empêcher de vous recommander encore et encore de lire “Charlotte” : un texte si bouleversant que même des années entières ne suffisent pas pour s’en remettre !

+ les touches d'humour

- l'intérêt de l'histoire

lu en février 2024 aux éditions Folio