Je lis donc je suis

Rares sont les romans pouvant m’émouvoir jusqu'aux larmes... Et ceux ayant la capacité de me toucher ainsi de la première jusqu'à la dernière page le sont d'autant plus. C'est toutefois ce qui m'est arrivé avec « Les lendemains », roman décrit comme “subtil et plein d'émotions” par l'éditeur, sur la quatrième de couverture. Après le très remarqué « Tout le bleu du ciel », qui m'avait déjà fait voyager - et beaucoup émue -, Mélissa Da Costa renouvelle l’exploit en nous offrant ce récit : pour moi, un beau coup de cœur.

Amande ne pensait pas que l'on pouvait avoir si mal. En se réfugiant dans une maison isolée en Auvergne pour vivre pleinement son chagrin, elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l'ancienne propriétaire des lieux. Guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, Amande s'attelle à redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s'ouvrir à des rencontres uniques. Et chaque lendemain redevient une promesse d'avenir.

C'est sans trop savoir à quoi m'attendre que je me suis plongée dans ma lecture ; je ne me suis pris que d'autant plus fort l'atrocité du récit dans la figure. Amande n'a pas vécu un drame, mais bien deux ; chacun étant d'une violence inouïe. La plume de Mélissa Da Costa n'a pourtant rien de particulièrement “trash” ou de sanglant, mais c’est pourtant très difficile de découvrir une telle histoire. Lecteurs sensibles, soyez avertis : ce roman se transformera très probablement en coup de cœur, mais sa découverte ne sera pas de tout repos ! Cela dit, j'ai beaucoup apprécié que l'auteure ne prenne pas de pincettes avec nous et qu'elle ne laisse pas de mystère sur le drame vécu par son personnage. De cette façon, le récit laisse bien plus de place à l'espoir, la renaissance, la beauté de la vie et de la nature.

Une atmosphère champêtre, une bicoque perdue et vieillotte, un jardin défraîchi : voilà le cadre décrépit faisait office de décor. Ces lieux à première vue hostiles deviennent rapidement le havre de paix d'une jeune femme écorchée. C'est accompagnée d'agendas et de vieux calendriers - décoration pour le moins incongrue - qu'Amande se laissera de nouveau revivre, apprenant à “laisser entrer”, à “célébrer”, puis à “partager” - des mots qui résonnent particulièrement pour la narratrice. Mélissa Da Costa nous expose la vie d'un jardin au fil des saisons, décrivant le doute quant à la survie des plantes en hiver, l'euphorie des premiers rayons de soleil, la joie devant les éclosions, la beauté des fleurs et l'intensité du travail manuel. Bien entendu tout ceci fait écho aux semaines et aux mois que traversent Amande, doux personnage qu’on prend d'affection dès les premières pages.

Bref, un roman qui m’a extrêmement touchée - bien plus que je ne l’imaginais. C’est triste, affreux, touchant, révoltant parfois, et aussi inspirant, amusant, touchant une nouvelle fois. On se sent bien aux côtés de ces personnages, enfants comme adultes, ainsi que ce jardin et ce petit chat ; des personnages à part entière. Aucune surprise, je vous recommande chaudement ce très beau coup de coeur !

+ une histoire très touchante

- pas assez de détails sur l'environnement ?

lu en mars 2023 aux éditions Le livre de poche