La maître des illusions | Ovni littéraire


Il vous arrive souvent d’apprendre des choses à travers vos lectures ? Des faits scientifiques ou historiques, une théorie peu connue, des anecdotes amusantes, le destin d’un personnage ayant réellement vécu… Avec “Le maître des illusions”, ce sont de nombreux mots qui se sont ajoutés à mon vocabulaire, en tête de gondole, “oecuménique” ou bien “oxymoron”. Eh oui ! En plus de nous offrir une masterclass de storytelling, Donna Tartt nous abreuve de mots anciens ou oubliés ainsi que d’expressions grecques et latines. Prêtes à en savoir plus ?

En décrochant une bourse à l'université de Hampden, dans le Vermont, Richard Papen ne laisse pas grand chose derrière lui : la Californie, qui lui déplaît ; son adolescence, faite de souvenirs incolores ; et ses parents, avec qui il ne s'entend pas. Hampden est une porte de sortie inespérée, l'opportunité de vivre une nouvelle vie. Passées quelques semaines, il est bientôt attiré par un professeur atypique, Julian Morrow, esthète capricieux qui enseigne les lettres classiques à cinq étudiants apparemment très liés. Contre l'avis de ses professeurs, il tente de s'introduire dans le groupe de ces jeunes gens marginaux sur qui courent les plus folles rumeurs. Et il est loin d'imaginer ce que lui coûtera sa curiosité.

Se plonger dans l’inconnu est toujours une expérience particulière - elle l’est d’autant plus délicieuse quand on le fait via un roman. En effet, si la couverture anglaise, titrée “The secret history”, ne m’était pas inconnue, je n’avais en revanche jamais vu passer la version française sur les réseaux sociaux. C’est au détour d’une bouquinerie que je me suis laissée surprendre par ce roman, sans même en lire le résumé… et quelle lecture ! Ni la couverture ni le résumé ne lui rendent justice, je le crains. Et c’est bien dommage, car dès les premières pages - que dis-je, les premières lignes - nous voilà happés dans un récit unique, impossible à reposer.

Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles.
C’est une idée très grecque, et très profonde. La beauté c’est la terreur. Ce que nous appelons beau nous fait frémir. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant et de plus beau, pour des âmes comme celles des Grecs ou les nôtres, que de perdre tout contrôle ?

Je dois l’avouer, “Le maître des illusions” n’est pas le récit le plus fluide que j’ai eu l’occasion de lire. Et pour cause : Donna Tartt ne lésine pas sur les descriptions ; les dialogues et monologues occupent parfois des pages entières ; le roman est parsemé, comme je le disais plus tôt, d’expressions grecques et latines ; et les nombreuses références à la culture des années 90 m’ont souvent laissée perplexe - je ne connaissais aucune des oeuvres ou des personnalités évoquées. Et je ne vous ai pas encore parlé de la plume mature de l’autrice ! Elle signe ici un roman dense et complexe. On est loin des rebondissements constants des romans de YA actuels. C’est évidemment pour toutes ces raisons que j’affirme que ce roman ne plaira pas à tout public. Cela dit, je suis persuadée que chaque lecteurice s’y lançant en connaissance de cause pourra l’adorer ! Cette lecture est une véritable expérience.

Alors, malgré ces quelques difficultés, comment expliquer que je n’ai pas lâché l’affaire ? Que ce soit au bout de 200, 400, ou 600 pages, pourquoi ai-je persévéré ? Je pourrais vous parler des personnages aussi énigmatiques que captivants, à un tel point qu’au bout des 780 pages du roman, nous avons toujours envie de les suivre et de les connaître encore mieux. Je pourrais vous parler de cette ambiance studieuse qui règne au sein de ce livre. Aux côtés de Richard et de ses mystérieux amis, parcourez le lycéum et les bâtiments du Collège, le minuscule bureau de Julian et la pièce vitrée où se déroulent les cours de grec ancien ! Mais j’ai surtout envie de mettre en avant le génie scénaristique de Donna Tartt : un prologue de deux pages nous intrigue suffisamment pour nous faire dévorer la première moitié de ce pavé ; par la suite nous sommes tant attachés aux personnages et la tension est telle qu’il est impossible de ne pas engloutir la seconde moitié !


Le choc de voir pour la première fois un bouleau se dresser dans le noir, le soir, aussi mince et indifférent qu'un fantôme. Et les nuits, d'une ampleur inimaginable : noires et venteuses, énormes et agitées, traversées d'étoiles.

Bref, voici un roman fascinant que j’ai adoré lire - pas tant pour l’histoire ou les personnages, au final, mais plutôt pour la façon dont Donna Tartt referme son piège… aussi bien sur les personnages que ses lecteurices. Quel piège ? Il ne reste plus qu’à ouvrir “Le maître des illusions” pour comprendre ce qui m’a tant hypnotisée !

En quelques mots :
+ la plume de l'autrice
- quelques incompréhensions

Ma note : 4/5


Le maître des illusions | Donna Tartt
lu aux éditions Pocket en octobre 2023

5 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec toi, ce roman est fascinant. J'en garde un excellent souvenir.

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  2. Tu me donnes envie de le relire !

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    1. Je ne savais pas que tu l'avais lu ! Il faudrait que j'aille découvrir ta chronique :D

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    2. Cela fait déjà cinq ans ;)

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Créé par Pauline LF. Fourni par Blogger.